Débat sur la prise en charge de l’enfant en demande de transition : les prises de position du collectif « la petite sirène »

Difficile de passer à côté ces derniers temps, tant on en parle dans la presse, dans les dîners et autour des tables familiales : le débat autour de la dysphorie de genre et de sa prise en charge, notamment chez l’enfant et l’adolescent, est devenu omniprésent.

En tête de ceux qui alertent sur les potentielles dérives et sur « l’idéologisation » de la question du genre, un collectif de médecins et d’intellectuels rassemblés au sein de « La Petite Sirène » ou « Observatoire des discours idéologiques sur l’enfant et l’adolescent » et dont le slogan est Sapere aude ! « Ose savoir ! ».

Ce collectif « souhaite mettre en garde les professionnels de l’enfance sur l’impact des réseaux sociaux et du militantisme [et entend] inviter parents et professionnels à questionner les pratiques qui en découlent, en particulier celles qui peuvent avoir des impacts durables et même irréversibles sur la santé et l’existence des enfants, sujets en devenir ».

Autour des trois coprésidentes, la psychanalyste et universitaire Céline Masson, la pédopsychiatre et psychanalyste Caroline Eliacheff et la psychologue clinicienne et psychanalyste Anna Cognet Kayem, se retrouvent dans un comité scientifique de nombreuses personnalités du monde médical (Catherine Dolto, Xavier Emmanuelli, René Frydman…). Le site de l’Observatoire propose des ressources et des témoignages venus de France, de Belgique et du Canada, notamment de « détransitionneurs » – entendre de personnes qui regrettent d’avoir effectué une transition de genre.

On doit à la Petite Sirène la publication en juillet dernier d’un « manifeste européen pour une approche objective du “changement de genre” des mineurs dans les médias », signé notamment par Élisabeth Badinter, Arnold Munnich, Jean-François Mattei, Israël Nisand, Gérard Rabinovitch ou Pierre André Taguieff. Craignant « un risque de confusion chez les jeunes », le texte dénonce les « pressions médiatiques sans nuance relayées par une certaine presse écrite, [qui] normalisent et banalisent l’idéologie qui prétend que l’on pourrait choisir son genre à tout âge, au nom de l’“autodétermination”, si l’on ne se sent pas en accord avec le prétendu “sexe assigné à la naissance” » et dit s’opposer « fermement à l’assertion selon laquelle les femmes et les hommes ne seraient que des constructions sociales ou des identités ressenties ». Il appelle « les directeurs de chaînes de télévision et de radio mais aussi la presse écrite à représenter non seulement la diversité des points de vue, mais également les connaissances avérées concernant la “dysphorie de genre” chez les mineurs » et demande aux « institutions publiques de veiller à l’exigence d’impartialité dans la présentation et la transmission des connaissances sur un sujet aussi important ».

Sur le site de l’association, on trouve une version intégrale de l’appel, « Impacts des pratiques médicales sur les enfants diagnostiqués “dysphoriques de genre” », dont une grande partie est consacrée au « cas symptomatique du documentaire Petite fille » de Sébastien Lifshitz (lire à ce propos notre entretien page 28) mais qui appelle aussi à ne pas prendre l’enfant pour « un adulte miniature » et s’inquiète de « l’atteinte au corps de l’enfant ou de l’adolescent » notamment à travers « les inhibiteurs de la puberté », les traitements hormonaux et la chirurgie, qualifiée d’« incontestablement lourde, à risque et très imparfaite ». Il se conclut en préconisant « de prendre soin de l’enfant c’est-à-dire de lui donner la possibilité de grandir en le préservant des projections des adultes afin de ne pas confondre la langue des adultes avec celle de l’enfant »